Petite précision avant de commencer : cet article partage des idées générales sur l’investissement au Canada. Ce n’est pas un conseil financier personnalisé.

Pendant des décennies, les investisseurs ont couru après la « prochaine grosse affaire » : l’action vedette, le gérant de fonds star ou la stratégie parfaite pour anticiper le marché. Pourtant, la recherche académique ne cesse de prouver une chose ennuyeuse : l’investissement a déjà été résolu.

Les meilleurs portefeuilles sont simples, diversifiés mondialement et peu coûteux. Aujourd’hui, les FNB tout-en-un (aussi appelés FNB de répartition d’actifs) rendent cela plus facile que jamais.

Voici pourquoi c’est probablement le seul investissement dont vous aurez besoin.

1. L’évolution de l’investissement simple

Le chemin vers la simplicité a commencé bien avant l’arrivée de ces FNB.

  • 1976 : Jack Bogle lance le premier fonds indiciel. Les gens rient, mais ça fonctionne.
  • Années 2000 : Les FNB (Fonds Négociés en Bourse) rendent l’indexation accessible et facile à échanger pour tout le monde.
  • Années 2010 : La stratégie « Couch Potato » (l’investisseur paresseux) devient populaire, mais nécessite d’acheter 3 ou 4 FNB différents et de les rééquilibrer soi-même.
  • 2018 et après : Les FNB tout-en-un (Vanguard, iShares, BMO) arrivent. Ils regroupent toute la stratégie « Couch Potato » dans un seul symbole boursier.

L’idée clé : Vous n’avez pas besoin de battre le marché pour devenir riche. Vous avez juste besoin de capter le rendement du marché efficacement.

2. Qu’est-ce qu’un FNB tout-en-un ?

Imaginez un FNB tout-en-un comme une boîte repas prête-à-cuisiner (style Goodfood ou HelloFresh). Au lieu d’acheter les pâtes, la sauce, les épices et les légumes séparément (et d’espérer avoir les bonnes proportions), vous achetez une seule boîte qui contient tout, parfaitement mesuré pour vous.

Un seul FNB détient automatiquement :

  • Actions canadiennes : (Banques, énergie, services publics)
  • Actions américaines : (Géants de la techno, santé, consommation)
  • Actions internationales : (Europe, Asie, marchés émergents)
  • Obligations : (Dettes gouvernementales et d’entreprises pour la stabilité)

L’avantage du coût

Le Ratio des Frais de Gestion (RFG) typique est de 0,20 % à 0,25 %.

Comparez cela à la moyenne de 2,00 % pour les fonds communs de placement (fonds mutuels) au Canada.

Le calcul : Sur un portefeuille de 50 000 $, un fonds mutuel vous coûte 1 000 $/an. Un FNB tout-en-un vous coûte 100 $/an. Cette différence de 900 $ s’accumule massivement sur 30 ans grâce aux intérêts composés.

3. Pourquoi ça marche (Les preuves)

Pourquoi passer à cette approche passive ?

  1. Les gestionnaires actifs échouent : Le rapport SPIVA Canada 2024 a révélé que plus de 85 % des fonds d’actions canadiens ont fait moins bien que leur indice de référence sur une période de 10 ans.
  2. Les investisseurs ont de mauvais comportements : Des études (comme celle de DALBAR) montrent que les investisseurs réels gagnent 1 à 2 % de moins que le marché parce qu’ils vendent en panique quand ça baisse et achètent quand c’est haut.

Les FNB tout-en-un règlent les deux problèmes. Ils réduisent vos coûts (une amélioration garantie du rendement) et automatisent la discipline pour éviter les erreurs humaines.

4. Le Menu : Choisir votre FNB

Tous les grands fournisseurs au Canada offrent ces fonds. Ils sont tous excellents, alors ne stressez pas à choisir la « marque parfaite ». Concentrez-vous sur le Niveau de risque (le mélange d’actions vs obligations).

Voici le paysage en un coup d’œil :

ProfilActions / ObligationsVanguardiSharesBMOHorizons
Prudent40 % / 60 %VCNSXCNSZCONHCNS
Équilibré60 % / 40 %VBALXBALZBALHBAL
Croissance80 % / 20 %VGROXGROZGROHGRO
Actions100 % / 0 %VEQTXEQTZEQTHEQT
RFG (Coût)0,24 %0,20 %0,20 %~0,17 %

Qu’y a-t-il à l’intérieur ?

La plupart de ces fonds détiennent des milliers de titres. Une répartition typique ressemble à ceci :

  • ~30 % Canada (Biais national pour réduire le risque de change et les impôts)
  • ~45 % États-Unis (Moteur de croissance mondial)
  • ~25 % International (Diversification en Europe/Asie)

5. Diversification mondiale et le « Biais national »

Les investisseurs canadiens adorent les actions canadiennes. C’est logique : on connaît les banques, on utilise les chemins de fer, on paie nos factures de téléphone.

Mais le marché canadien est minuscule (moins de 3 % du monde) et peu diversifié (surtout des services financiers et de l’énergie).

Les FNB tout-en-un résolvent ce problème en vous forçant à détenir de la technologie américaine, des pharmas européennes et des manufacturiers asiatiques. Cela adoucit les secousses. Quand le secteur de l’énergie canadien s’effondre, vos actions technos américaines pourraient monter.

6. Comment choisir le bon ?

Votre but n’est pas de choisir le fonds avec le plus haut rendement, mais celui que vous serez capable de garder quand le marché s’effondrera.

(Note : Les rendements ci-dessous sont des estimations basées sur la performance des indices sous-jacents au cours de la dernière décennie. Les rendements futurs varieront.)

  • La route « Sécuritaire » (40/60 ou 60/40) : Idéal pour les retraités ou ceux qui paniquent facilement. Vous obtenez une croissance modérée avec beaucoup de stabilité.
  • La route « Standard » (80/20) : Un portefeuille de croissance classique. Les 20 % d’obligations agissent comme un amortisseur lors des krachs.
  • La route « Audacieuse » (100 % Actions) : Pour ceux qui ont un horizon long (15 ans et plus) et un estomac d’acier. Attendez-vous à une forte volatilité.

Astuce : Si vous n’êtes pas sûr, VBAL/XBAL (60/40) est le choix « équilibré » classique qui fonctionne depuis des décennies.

7. Comment investir (Étape par étape)

Vous n’avez pas besoin d’un conseiller financier pour les acheter.

  1. Ouvrez un compte : Utilisez un courtier à escompte comme Wealthsimple, Questrade ou la plateforme de courtage direct de votre banque (Disnat, BNC, etc.).
  2. Financez le compte : Transférez de l’argent dans votre CELI ou REER.
  3. Cherchez le symbole : Tapez « VGRO » (ou votre choix).
  4. Achetez : Sélectionnez « Achat au marché » pendant les heures d’ouverture de la bourse.
  5. Automatisez : Plusieurs plateformes permettent maintenant de configurer des achats récurrents. Vous choisissez le montant, ils achètent le FNB automatiquement.

8. L’avantage « ennuyeux » : La psychologie

La partie la plus difficile de l’investissement n’est pas les maths, c’est la psychologie.

Quand vous possédez des FNB séparés (un pour les USA, un pour le Canada, un pour les obligations), vous serez tenté de « bidouiller ». « Oh, le marché américain baisse, peut-être que je ne devrais pas en acheter ce mois-ci. »

Ce « bidouillage » tue les rendements.

Avec un FNB tout-en-un, vous ne pouvez pas choisir. Vous achetez le paquet complet. Cela élimine la tentation de synchroniser le marché (market timing) et vous sauve de vos propres biais.

9. Pour qui ce n’est PAS adapté ?

Pour 95 % des Canadiens, c’est la solution parfaite. Cependant, vous pourriez avoir besoin d’une approche personnalisée si :

  • Vous avez un portefeuille massif (> 500 000 $) : Vous voudrez peut-être séparer les composantes pour la « localisation des actifs » (optimiser quel compte détient quel actif pour sauver de l’impôt).
  • Vous retirez un revenu : Les retraités pourraient préférer détenir les liquidités et les obligations séparément pour ne pas avoir à vendre d’actions lors d’une baisse pour payer les factures.

10. Exemple : Comment ça marche en pratique

Disons que vous investissez 10 000 $ dans XEQT à l’intérieur de votre CELI.

  • Vous possédez instantanément plus de 9 000 entreprises à travers le monde.
  • Si l’action d’Apple monte, votre FNB en profite.
  • Si le dollar canadien baisse, le FNB s’ajuste.
  • Rééquilibrage : Si les actions connaissent une excellente année et deviennent trop « lourdes » dans le portefeuille, les gestionnaires du fonds vendent automatiquement certaines actions pour acheter plus d’obligations (ou vice versa) afin de maintenir votre niveau de risque constant.

Vous ne faites rien. Vous continuez simplement d’acheter.

Résumé : La beauté de la simplicité

L’investissement n’a pas besoin d’être excitant pour être efficace. En fait, c’est souvent l’approche « ennuyeuse » qui gagne.

Les FNB tout-en-un vous permettent de vous concentrer sur les seules choses qui comptent vraiment :

  1. Épargner régulièrement (Taux d’épargne élevé).
  2. Minimiser les frais (RFG bas).
  3. Rester investi (Le temps passé sur le marché).

Comme le disait Jack Bogle : « Le plus grand ennemi d’un bon plan est le rêve d’un plan parfait. »

Pour la plupart des Canadiens, un FNB tout-en-un est ce bon plan.

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Avertissement complet :
Cet article est fourni à titre informatif seulement et ne constitue pas un conseil financier. Consultez toujours un professionnel qualifié avant de prendre des décisions d’investissement.